Zoom sur l'association À chacun son Everest de Christine Janin
En ce mois d'Octobre Rose, nous avons choisi de mettre en lumière l'association À chacun son Everest. Fondée par Christine Janin, première Française à atteindre le toit du monde, elle aide des enfants atteints de cancer et des femmes en rémission d'un cancer du sein à gravir leur propre Everest.
À 66 ans, Christine Janin continue d'incarner l'esprit d'aventure qui l'a menée au sommet de l'Everest en 1990, devenant la première Française à réaliser cet exploit. Mais son plus grand accomplissement réside peut-être dans la façon dont elle a transformé cette expérience en une mission de vie : accompagner des enfants atteints de cancer et des femmes en rémission à gravir leurs propres sommets intérieurs.
« La vie c'est un chemin. On ne choisit pas toujours tout, mais il y a des moments où il y a des synchronicités qui nous guident vers de nouvelles voies », explique cette docteure en médecine qui a créé l'association À chacun son Everest il y a 30 ans. Une mission qu'elle n'a pas vraiment choisie, mais qu'elle a acceptée, donnant ainsi un sens profond à ses propres exploits himalayens.
Tout a commencé après l'Everest, quand la ville de Paris lui a demandé de faire des conférences dans des écoles. La directrice de l'école de l'hôpital Trousseau l'a alors invitée à rencontrer des enfants malades. « Je n'avais aucune idée, ce n'était pas ma vie du tout de créer une association », se souvient-elle. Ce qui devait être une simple visite est devenu en un engagement de vie.
Rythme et respiration
Le parallèle entre l'ascension d'une montagne et le combat contre la maladie s'est imposé naturellement : « Je leur permet de réaliser qu’ils ont en eux les qualités qu'il faut pour aller en haut de l'Everest : le courage, la volonté, la puissance, le partage, le plaisir, l’envie, la passion, la volonté, la confiance, l'intuition bien sûr. » La grande différence, souligne-t-elle, c'est que « les alpinistes choisissent, les malades, eux, n'ont pas le choix. La vraie similitude, c'est qu'il y a un objectif à atteindre : pour les uns, c'est la vie, pour les autres c'est la médaille. »
À travers les séjours en montagne proposés par l'association, Christine Janin a accompagné 4962 enfants et 2300 femmes en trois décennies. Ces expériences vont bien au-delà de simples excursions :
« Ces séjours sont bien plus que des séjours à la montagne. Ils permettent de partager, de rencontrer d'autres qui ont vécu la même chose, de pouvoir se prouver qu'ils ne sont pas que des enfants ou des femmes malades, mais des conquérants. »
La méthodologie de Christine s'appuie sur son expérience d'alpiniste. Elle transmet notamment l'importance du rythme et de la respiration : « Quand on marche, on parle peu. Tout est respiration. Au fil des jours, ils retrouvent leur souffle et petit à petit ils se dépassent. »
Nouveau chemin
Pour les personnes en rémission, qui vivent « avec une épée de Damoclès » pendant 5 ans, ces séjours offrent un nouveau regard sur leur situation. « Les peurs sont légitimes », reconnaît Christine, « On les aide à gérer leurs peurs et a avancer, confiants. Mais aussi à avoir confiance en l’avenir. »
L'objectif des séjours est multiple : reconnaissance de ce qu'ils ont vécu, prise de conscience qu'ils ne sont pas seuls, et surtout, comme le dit Christine, « leur faire prendre conscience que maintenant, la maladie les a menés sur un autre chemin. » Un chemin qui passe par prendre soin de soi, particulièrement pour les femmes qui, souvent, « ne prennent pas assez soin d'elles dans la vie quotidienne »
Comme elle le résume si bien : « Il y a un avant et un après cancer, et il y a un avant et un après le séjour À chacun son Everest. » Une philosophie qui rappelle que parfois, les plus hauts sommets à gravir sont ceux qui se trouvent à l'intérieur de nous-mêmes.