Terre, une invitation au voyage

Un été en Norvège avec Eric

Marianne Furlani
Un été en Norvège avec Eric

Eric, guide « fétiche » de Terres d’Aventure, a usé ses semelles sur les chemins du monde. Il nous parle de la Norvège, pays qu’il a arpenté du nord au sud, de l’intérieur des terres à la mer.

Que trouve-t-on en Norvège qu'on ne voit pas ailleurs ?

La Norvège est un pays résolument tourné vers la mer : toute la côte (25 000 km tout de même) est un dédale tarabiscoté d'îles et de fjords, des sommets enneigés au style alpin qui plongent dans une eau couleur caraïbe. Grâce à l'action du Gulf Stream, un courant océanique qui protège le littoral des températures extrêmes, les eaux demeurent libres toute l'année, on trouve même des arbres sur les rives, alors que normalement, à ces latitudes, tout est glacé. C'est unique au monde.

La ville portuaire d'Ålesund - ©Guillaume Cuenin

En Norvège, la densité de population est assez faible : les paysages s'étalent, immenses, désertiques, à perte de vue ; on croise des habitations si rares qu'on en oublie que le pays compte plus de 5 millions d'habitants. Sur certaines îles, les oiseaux marins sont plus nombreux que les humains ! Il faut dire que sur 150 000 îles, à peine 2000 sont habitées. On y éprouve un intense sentiment d’isolement, de calme et de sérénité.

La Norvège est aussi l'un des rares pays concernés par des phénomènes lumineux réservés aux hautes latitudes : en hiver ce sont les aurores boréales qui dansent dans le ciel, en été c'est le soleil de minuit qui baigne les paysages d'une lumière magique, quasi étale et constante.

Pourquoi choisir l'été pour découvrir la Norvège ?

Justement, parce qu'en été on peut vivre cet étrange phénomène naturel qui se produit uniquement sous les latitudes situées au-delà du cercle polaire : le soleil de minuit, ou jour polaire. Lorsque le soleil se « couche », on peut le regarder comme rebondir sur l'horizon. La luminosité reste alors suffisamment forte pour qu'on puisse continuer à randonner, faire du kayak ou encore du vélo, jusqu'à ce que la fatigue l'emporte. Les journées sont d'autant plus longues et remplies !

Par ailleurs, on peut y observer la nature qui se réveille après un long hiver nordique : on peut y voir des macareux, des baleines, des orques, des aigles-pêcheurs, des renards, des rennes et des sternes arctiques. Il pousse même ici toute une flore au niveau de la mer qu'on ne trouve en France qu'entre 400 et 800m d'altitude : des orchidées, des camarines...

Élan - ©Roger Brendhagen

Quel est ton endroit préféré pour observer le soleil de minuit ?

Plus on va vers le nord, plus on aura de nuits illuminées par le soleil de minuit.

Dans les Lofoten, c'est un spectacle exceptionnel que d'admirer le soleil de minuit, entre pics rocheux et plaines côtières. Plusieurs belvédères, disséminés sur les îles de l'archipel, offrent un spot d'observation idéal.

Tromsø, la porte de l'Arctique située à plus de 300 kilomètres au-dessus du cercle polaire, par 69° de latitude nord, vit plusieurs mois de l'année sans aube ni crépuscule. En été, un téléphérique vous élève à 421 mètres au-dessus de la ville, même après minuit. Du sommet de Storsteinen, on est aux premières loges pour observer le soleil de minuit couronner les pics de l'île de Ringvassøya.

Au large de Tromsø

Le Svalbard, un archipel de la Norvège situé dans l'océan Arctique, est l'endroit où le jour polaire est le plus long, puisque le soleil de minuit ne s'y couche pas entre le 20 avril et le 22 août.

Moi je me rappelle avoir été complètement scotché, une nuit où je roulais quelque part au sud d'Andenes, sur l'île d'Andøya dans les Vesterålen, j'étais encadré par des montagnes qui se dressaient de part et d'autre, la mer s'étalait devant moi, j'étais au fond d'un fjord, le soleil était au ras de l'horizon, la mer a pris des teintes sublimes de rouge, jaune, orangé. Je me suis arrêté pour contempler le paysage, la montagne est devenue complètement orange, les couleurs étaient hallucinantes, le spectacle a bien duré 20/30 minutes, c'était magnifique.

Peu de peuples ont un contact aussi étroit avec la nature que les Norvégiens ; comment décrirais-tu cela ?

En effet les Norvégiens ont une relation très étroite avec la nature car là-bas l'accès au monde sauvage est gravé dans la loi : l'allemannsretten inscrit le droit de tout un chacun à profiter de la nature sur tout le territoire. Les citoyens sont libres d'évoluer dans la nature, de circuler à pied, à cheval, à ski, à vélo ou en bateau, ou bien de cueillir des baies, des fleurs ou des champignons, ainsi que de camper et faire du feu dans certains cas. La seule condition est de rester à une certaine distance des habitations, de ne pas laisser de déchets ni de nuire aux animaux. Cela implique un rapport unique à la vie en communauté, une vision communautaire de la jouissance de la nature plutôt qu'un droit de propriété individuelle et donc une mentalité très respectueuse du bien commun.

Kayak et bivouac dans le fjord d'Aurland - ©Oyvind Heen

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