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Entretien avec Mathieu Blanchard et Erik Clavery : motivation maximum avant le Marathon Des Sables

Hugo Blondel
Entretien avec Mathieu Blanchard et Erik Clavery : motivation maximum avant le Marathon Des Sables

Parmi les 35 coéquipiers inscrits au Marathon Des Sables avec Terres d’Aventure, cinq d’entre eux sont des athlètes au palmarès remarquable. Ils défendront en même temps les couleurs de la France pour tenter de détrôner les Marocains.

Mathieu Blanchard : classé 5ème en 2021, Mathieu est surtout connu pour ses résultats en ultra trail et notamment sa 2ème place sur l'Ultra Trail du Mont-Blanc (UTMB) en 2022 qu'il a bouclé en moins de 20h.

Erik Clavery : arrivé 5ème du Marathon Des Sables (MDS) en 2016, Erik a notamment été sacré champion du monde de trail en 2011 et champion de France des 24 heures de course à pied sur route en 2018.

Geoffrey Plisson : 10ème place au MDS en 2022, 30ème en 2021.

Pierre Meslet : 9ème place au MDS en 2021.

 

Mathieu Blanchard et Erik Clavery ont répondu à quelques questions à l'occasion d'un live sur Instagram. Voici quelques extraits choisis.

Vous avez chacun participé une fois à cette course et terminé 5ème, respectivement en 2016 et 2021. Que représente le Marathon Des Sables dans votre parcours ?

Mathieu Blanchard : Il y a trois raisons qui me font retourner au MDS. D'abord la course. Quand ça bataille devant avec les Marocains, je peux vous dire que la compétition est bien présente (à l'exception de 2012, tous les vainqueurs sont marocains, depuis 1997, NDLR). La dimension aventure est une autre bonne raison de revenir. Dans une société où nous sommes connectés en permanence, là on se retrouve dans le désert, déconnectés, les uns avec les autres, il n'y a plus de statut social. Enfin, on participe en équipe et on va jouer pour le classement en équipe. Je suis curieux de voir comment on va pouvoir s'entraider pendant la course mais aussi après, notamment à travers les débriefings. J'ai eu la chance de partir sur le Kilimandjaro avec Terdav et c'est une expérience que j'ai vraiment adorée. C'est un honneur de porter les couleurs de Terres d'Aventure.

Quelle préparation avez-vous jusque-là et quelle préparation suivez-vous à quelques jours du départ ?

Erik Clavery : Pour moi, c'est un objectif de saison d'être bien au MDS. J'ai terminé il y a une quinzaine de jours ma préparation spécifique. Là c'est plutôt une phase d'entretien. Un peu de home trainer sans ventilateur pour bien chauffer la mécanique. Au Maroc il va faire très chaud. Il faut s'acclimater à la chaleur et je n'en ai pas eu beaucoup l'occasion. Mon dernier bloc d'entraînement s'est terminé par un semi-marathon et quelques grosses sorties vélos. Maintenant qu'on arrive à quelques jours du départ, je vais peaufiner le matériel obligatoire, les éléments de bivouac et autres. Il faut surtout ne rien oublier et penser à l'essentiel. On ne part pas avec grand-chose mais tant qu'à partir avec quelque chose, autant que ce soit très utile.

Erik Clavery lors du Marathon des Sables en 2016 - ©Cimbaly/V.Campagnie - Marathon Des Sables 2016

Quelle est l'étape que vous redoutez le plus et pourquoi ?

Mathieu : Peut-être la première. C'est là qu'on a les indicateurs : qui est en forme ? Qui n'est pas dedans ? C'est assez facile de le voir. Le soir, après cette étape, c'est là qu'il faut savoir prendre du recul sur la journée et se dire que ça va être encore long, surtout la quatrième étape. Il faut aussi être attentif entre les étapes pour garder ses forces. Ne pas tomber malade, par exemple. Ça peut totalement gâcher une course. Je parle d'expérience (sourire).

Comment abordez-vous l'alimentation et les équipements pour la course ?

Mathieu : L'équipement pour moi c'est une question très importante sur le Marathon Des Sables. Le poids reste un ennemi pour la course. Il faut l'optimiser. Moi je prends l'option légèreté plutôt que confort. Sur ma première participation, j'avais pris le minimum, à peine plus que le nombre de calories journalières (l'organisation impose 2000 kcal par jour minimum, NDLR). C'est un choix d'inconfort. Sur une semaine j'avais perdu 5 kilos. Là j'ai essayé de prendre du poids pour ne pas arriver trop sec au départ sachant que je vais perdre quelques kilos. Cela peut jouer de manière délétère sur les dernières étapes. C'est ce genre de détails qui peut faire la différence.

Ce n'est pas votre première au Marathon Des Sables. Vous savez comment gérer votre course. En général, a quoi pense-t-on sur la ligne d'arrivée ?

Erik : Chaque jour c'est une satisfaction d'arriver au terme d'une étape, surtout si elle est réussie. La ligne d'arrivée finale, c'est un peu un double-effet.

Il y a la satisfaction et le soulagement d'avoir terminé et "l'amertume" que ça se termine. On vit cela à fond pendant une semaine et on aimerait que ça continue...

Vous êtes des coureurs expérimentés. Quel est à ce jour votre meilleur souvenir de course ?

Erik : Ma plus belle expérience c'est une course non officielle. En l'occurrence ma traversée des Pyrénées par le GR10, avec le record que j'ai battu en 2020, après le confinement. C'est un itinéraire de 880 kilomètres avec 50 000 mètres de dénivelé positif que j'ai parcouru en neuf jours et neuf heures. Ça a été une expérience exceptionnelle, dans un décor incroyable avec des rencontres magnifiques. Des gens venaient me voir juste pour m'apporter un Coca. Environ 400 personnes m'ont accompagnées pendant la traversée. C'est dix jours de rêve. J'adore vraiment ce genre d'aventure et c'est ce qu'on retrouve au Marathon Des Sables !

Mathieu : Je suis parti en Jordanie en novembre dernier faire le half Marathon Des Sables dans le but de courir avec mon petit frère de 20 ans qui est handicapé d'une jambe. Un film a été réalisé sur le projet. On a pu le visionner récemment. Mon frère est assez introverti et en voyant les images on a eu les larmes aux yeux. Dès le début il a été en difficulté et on s'est demandé comment il allait réussir à terminer. Finalement, il l'a fait, il a réussi, il est allé au bout. Maintenant il est beaucoup plus ouvert, beaucoup plus souriant. Ce genre d'aventure peut changer une personne. Lui ça l'a changé, et pour moi c'est un beau souvenir. Tout ça s'est passé dans le désert. C'est un peu paradoxal, tout autour c'est le grand vide mais ça nous remplit intérieurement.

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