Terre, une invitation au voyage

Au plus près de l’âme du Pérou

Hugo Blondel
Au plus près de l’âme du Pérou

L’Empire inca a légué de nombreux rites et traditions aux Péruviens. Au sein des communautés locales, Ricardo, notre partenaire, et Jorge, guide, permettent aux touristes d’entrer en contact avec l’âme du pays. Un voyage que Mathilde, conceptrice de nos voyages au Pérou, a eu la chance d'effectuer.

L'heure est à la fête dans les pâturages de la vallée de Patacancha, à quelques dizaines de kilomètres au nord de Cuzco, ancienne capitale de l'Empire inca. C'est jour de mariage pour deux alpagas du troupeau d'une des familles de la communauté. Le chuyasco fait partie de ces cérémonies particulières au Pérou qu'on observe rarement en tant que voyageur. « C'était un moment particulièrement intense pour les habitants, car la valeur symbolique est très forte avec pour but d'assurer la bonne marche et la reproduction du troupeau. Le chef de famille pleurait d'émotion à la fin », témoigne Mathilde Salmon, conceptrice de voyages en Amérique du Sud. Elle a eu la chance d'y assister, au détour de son trek sur les chemins ancestraux des Incas.

Après de brèves présentations, devant un autel garni de petits objets personnels et monté pour l'occasion, les animaux sont attrapés au lasso, marqués sur le front et unis par un morceau de tissus coloré. Sur cet autel à 4000 mètres, au milieu de la nature, Mathilde se souvient que « les objets sur l'autel étaient très personnels et étonnants, en particulier ceux en forme de lama, trouvés dans la nature ou ceux ayant appartenu au grand-père ».

Les lamas, mariés du jour, sont unis par un morceau de tissu ©Mathilde Salmon

S'ensuit le moment de donner la feuille de coca aux personnes présentes et de brûler un certain nombre de choses en guise d'offrandes. Malgré deux années passées au Pérou, Mathilde ne se rappelait pas à quel point le lien des habitants avec la nature était si important. « Les Quechuas vivent au rythme de la nature. Ils se lèvent avec le soleil pour aller travailler dans les champs avec des outils anciens. Leurs conditions de vie sont rudes en montagne et ils sont obligés de respecter la terre, de l'aimer, pour qu'elle le leur rende », ajoute-t-elle.

Tourisme rural

C'est cette relation à la pachamama, la « terre mère », et toutes ces traditions que Ricardo, partenaire local de Terres d'Aventure, cherche à mettre au cœur de ses voyages. À travers tout l'ancien Empire inca, les voyageurs vivent une immersion au plus près de la vie quotidienne. Du célèbre lac Titicaca à la région de Cuzco, la culture de l'accueil est réellement présente. « Les gens sont très accueillants avec les touristes », explique Jorge, guide pour Terres d'Aventure originaire de Cuzco. « Lorsque l'on se rend dans les communautés où les habitants sont au travail dans les champs de maïs ou de patates, ils prennent le temps de nous expliquer, et parfois de nous offrir à manger », explique-t-il. C'est pour pérenniser ces échanges et aider à développer les communautés rurales que Ricardo a commencé à mettre en place l'accueil chez l'habitant, dès le début des années 2000.

« Avant, les marcheurs arrivaient avec leurs tentes, leur matériel et s'installaient près des villages. Les habitants restaient de leur côté, intrigués. Ils ne comprenaient pas pourquoi les touristes venaient pour marcher pour le loisir alors qu'eux se déplacent par nécessité », s'amuse Ricardo.

Pour lui, c'est une certitude, il fallait réunir les gens. C'est de cette façon que Jorge a commencé à travailler avec sa mère dans le village de Chinchero, en construisant quelques chambres. Sur place, les voyageurs dorment dans de petites chambres au confort simple, ils partagent les repas et découvrent les métiers qui font vivre les communautés : cultures de pommes de terre, de maïs, tissage, élevage...

Laine d'alpaga sur un marché © Mathilde Salmon

Au-delà des considérations économiques, c'est une fenêtre sur le monde pour les habitants et une expérience authentique pour les touristes. En particulier dans un pays dont environ 45 % de la population descend des Incas, répartie en plusieurs groupes ethniques, majoritairement les Quechuas et les Aymaras. Aujourd'hui, grâce à ces voyages, Ricardo fait travailler une trentaine de familles.

Passeurs de traditions

Toutes ces expériences ont aussi ouvert des perspectives importantes pour continuer à mettre en avant l'histoire riche du peuple péruvien. En particulier le champ de l'astronomie dans lequel les Incas avaient des connaissances poussées. Ils ont ainsi nommé des constellations, des étoiles particulières, liées étroitement à leur religion et construit des observatoires astronomiques. Celui de Chanquillo, vieux de 2000 ans, est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Ricardo envisage de remettre au goût du jour l'observation des étoiles : « près de la vallée sacrée, la vallée de l'Urubamba, nous avons trouvé un garçon qui possède son propre observatoire astronomique et qui sait transmettre ses connaissances », explique-t-il.

Quand le ciel est bien dégagé, 85 % de la Voie lactée est visible. Certains lieux sont propices à l'observation des pléiades par exemple ou alignés sur le passage de certaines étoiles. Les guides ont aussi leurs compétences et pourraient ainsi se spécialiser. En tant que spécialistes de leurs régions, eux-mêmes sont passeurs de traditions. Au cours des treks, ils sont souvent amenés à pratiquer leurs rituels et à les expliquer aux voyageurs, « comme celui où ils demandent la permission aux sommets de pouvoir les gravir ou quand ils nourrissent la terre avant de prendre un repas pour la remercier », se remémore Mathilde. Des moments marquants qui font de ces voyages une expérience immersive, toujours au plus près de l'âme du Pérou.

Un troupeau de lamas dans la région de Cuzco © bchyla / AdobeStock

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