Terre, une invitation au voyage

Maroc : de l'or dans le désert

Caroline Laurent
Maroc : de l'or dans le désert

La région du sud marocain Drâa-Tafilalet a accueilli Caroline et sa famille à la lisière du Sahara. L’occasion pour eux de goûter au désert, à ses lumières et à ses traditions. Un voyage en famille avec enfants de 5 à 10 ans : une expérience formidable et les yeux brillants de souvenirs.

Aux portes du désert

Ouarzazate. Nos premiers pas en ville nous font immédiatement prendre le pouls du Maroc. Pour choisir un chèche qui nous permettra d’affronter le désert, nous nous aventurons dans les dédales du ksar et ses faubourgs, visitons les magasins, contemplons les possibilités parmi les mille et une couleurs des étoffes et voyons la négociation du prix s’engager. 60 dirhams ? 50 ? « Papa, ce ne sont pas des euros ? », demande Flora, 5 ans. Non, ce sont des dirhams marocains ! À présent, nous avons besoin d’un cour magistral pour apprendre à nouer notre chèche sur la tête et nous protéger du vent et du sable. Annaëlle, 8 ans, se questionne. Avec un noeud ? Sans noeud ? Est-il vraiment suffisamment long, ce chèche ? Ici, pas de « tuto » sur Internet, on écoute le vendeur, on prend conseil auprès de notre guide Terres d’Aventure, Omar.

Le ksar Aït-Ben-Haddou

Après plusieurs tentatives, nous avons finalement l’occasion de tester notre chèche lors de la visite du ksar Aït-Ben-Haddou, cet ensemble de bâtiments de terre entourés de murailles classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Il y souffle un vent si fort que les lunettes et autres chapeaux s’envolent, mais pas nos chèches ! Noeuds validés. Prêts pour le désert ! Mais avant, une visite de la casbah Taourit s’impose. Nous jouons à cache-cache dans cet enchevêtrement d’escaliers édifié par la tribu des Glaouis et découvrons des passages étroits, des cachettes secrètes, des fenêtres permettant de voir sans être vu, et l’ingéniosité des puits de lumière qui éclairent les étages inférieurs. Les décorations et peintures sont superbes, et d’origine ! Annaëlle envoie sa petite soeur dans la cour pour vérifier que l’on peut réellement voir sans être vu derrière ce moucharabieh. C’est bon, l’épouse du Pacha pourra bien se dérober au regard des curieux. Enfin, tout en contrastes et propre à cette région proche du désert, nous faisons l’expérience du ciné-tourisme. Il permet de visiter des studios et leurs décors, d’ouvrir l’imaginaire de nos enfants, de se promener dans un temple égyptien, de se voir en reine Cléopâtre prenant son bain de lait d’ânesse ou monter les marches d’un palace romain, et de jouer dans les ruelles étroites d’un village grec du temps des gladiateurs. À l’issue d’une partie de « chat » endiablée entre les enfants du groupe, les parents récupèrent leur progéniture. Il est temps de partir pour le désert.

Le sol craquelé par le soleil

L’aventure au bout des dunes

Ce désert tant attendu, nous le rejoignons en 4x4, déjà une expérience en soi pour les enfants. Les premières dunes apparaissent et l’admiration mêlée à de l’excitation se fait sentir. Soudain, l’un des véhicules se bloque dans le sable… Faudra-t-il sortir les plaques de désensablement ? Quelques manoeuvres et c’est finalement bon, le véhicule est libéré et peut contourner l’obstacle. Nous découvrons notre bivouac, situé profondément dans l’oued Drâa, à plus d’une heure de la dernière route et ville-étape. La nuit tombe déjà, la lumière rasante sur les dunes est magnifique. Il faut se hâter de monter les tentes, le premier repas mijote déjà. Nos enfants ont repéré les dromadaires et leur chamelier sur la dune derrière nous, suscitant leur curiosité. Le soleil crée tout plein de nouvelles sensations pour nos explorateurs : « Papa, pourquoi le sol est dur sur le dessus et mou en dessous ? Est-ce que le sable est encore chaud si l’on creuse un peu ? ». Passés la première nuit en tente (pour de nombreux enfants dans le groupe, il s’agissait de leur première expérience de bivouac), nous partons randonner à un rythme directement dicté par la course de l’astre solaire. Cela nous permet de marcher plusieurs heures au frais le matin, avant de chercher une zone offrant de l’ombre pour déjeuner, jouer, reprendre des forces, puis repartir. « Maman, je peux monter sur le dromadaire ? ».

Le campement dans le désert

À tour de rôle, les enfants se reposent un peu de leur marche et chevauchent fièrement leur monture en dominant le paysage. Au passage, ils découvrent les astuces de la vie pour survivre à une telle chaleur, apprennent à reconnaître les plantes adaptées au manque d’eau qui étendent leurs racines sur plusieurs dizaines de mètres, celles qui ne meurent jamais (roses de Jéricho), mais aussi les traces d’insectes, de rongeurs et de mammifères qui se sont approchés du bivouac durant la nuit. Un jour, nous partons sur la trace de la gerboise pour repérer son terrier ! « Regarde, on voit bien sa progression en petits bonds, et si elle va lentement, on peut même deviner la trace de sa queue ». « Et cette trace-là, c’est un lézard ou un serpent ? ».

Jeux dans les dunes

Expériences en famille dans le désert

Autour de l’oued el Attach (la rivière de la soif), nous cherchons des fossiles dans le grand plateau caillouteux. Omar nous apprend à identifier les pierres qui portent une couleur plus caractéristique et qu’il faut étudier pour trouver des traces de fossiles ; pas besoin de les casser, juste reconnaître les bonnes pierres parmi les centaines d’autres. La chasse est ouverte, tout le monde a les yeux rivés sur le sol ! Dans la grande dune de Bougverne se joue aussi un grand moment de famille : tout le monde la gravit avec enthousiasme pour admirer la vue à 360 degrés à son sommet. Pour la descente, à chacun sa technique : il y a ceux qui courent, ceux qui sautent, ceux qui roulent sur le côté, ceux qui enchaînent les roulades et même les adeptes de la « grande glissade sur le ventre ». De grands moments de fous rires et de pitreries à immortaliser sur la pellicule ! Enfin sur l’erg de Sedrar, les enfants peuvent débattre si le sable est plus roux que celui de la veille, marcher loin et longtemps, se confronter aux immenses étendues qu’offre le désert, à la lumière rasante, au sol qui craquèle sous la chaleur du soleil mais qui est légèrement mou en dessous. Chaque jour propose son lot de paysages, de couleurs, de sensations.

Le coucher de soleil aux couleurs rougeoyantes illumine le paysage dunaire du sud marocain

De retour au camp, chacun vaque à ses occupations et les activités s’organisent en petits groupes. Le terrain de jeu pour les enfants est immense et splendide, un vrai sentiment de liberté pour tous qui redoublent d’imagination et inventent des activités différentes chaque jour. Pendant ce temps, les parents dégustent leur thé à la menthe, installés confortablement en haut d’une dune, le coucher de soleil aux couleurs rougeoyantes en toile de fond. Instants magiques ! Le soir venu, à la lueur des bougies, le groupe échange sous la tente berbère et revient sur les découvertes de la journée. Le guide, amusé, nous met également au défi en nous proposant des énigmes à résoudre. Chaque soir, nous avons la chance de déguster un pain cuit dans un four de sable et cendres traditionnel. Notre cuisinier Daoud fait d’ailleurs des merveilles pendant tout le séjour : tajines, couscous, légumes frais cuisinés…Le goûter n’est pas en reste puisque nous avons droit à des beignets, crêpes marocaines et fruits. Petits et grands se régalent et apprécient cette cuisine succulente en plein désert ! À la nuit noire, on révise ses connaissances en observation du ciel, on s’amuse à repérer en famille la Grande Ourse, l’étoile Polaire et la constellation de Cassiopée. Le ciel dégagé du désert est idéal pour en prendre plein les yeux face à l’immensité de l’univers, où la Voie lactée se déploie dans toute sa splendeur. Mais la nuit est fraîche et la différence de température avec le jour importante. Il faut vite se mettre à l’abri dans son duvet et reprendre des forces pour le lendemain.

La palmeraie

La visite de la palmeraie nous offre, après plusieurs jours secs et chauds, un répit de verdure. Nous y trouvons aussi des fruits et légumes en abondance. On y circule par un enchevêtrement de murets, passages, canaux d’irrigation et ponts. Les enfants adorent suivre le guide qui explore la zone, à gauche, à droite, saute et se baisse, fait attention à tel arbuste, laisse passer les agriculteurs qui travaillent là avec leurs ânes. « Maman, j’ai trouvé une tortue ! Et là une grenouille ! ». À l’ombre des palmiers dattiers, les enfants continuent d’aller de surprise en surprise. Puis nous rejoignons une impressionnante casbah abandonnée à Timidarte, là où Terres d’Aventure a participé à la rénovation d’un bâtiment qui est à présent un superbe lieu pour se restaurer, profiter de la cuisine marocaine ou d’un thé, et observer le jeu de la lumière sur les toits enchevêtrés de la casbah, sur le dernier étage de la maison d’hôte.

Nous terminons notre séjour au bord de la piscine sur la terrasse de notre hôtel à Ouarzazate. Un dernier bain-de-soleil avant d’affronter l’hiver en France. On aimerait que cela dure encore un peu…beaucoup… Inch’Allah !

Vous aussi, partez pour un voyage au Maroc en famille et revenez le coeur enflé de souvenirs.

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