Terre, une invitation au voyage

Sentiers d'histoire : la voie lycienne

Solveig Placier
Sentiers d'histoire : la voie lycienne

Les sentiers servent à se déplacer ; pourquoi les façonner et s’y mouvoir autant ? Descendons quelques chemins à travers le monde pour remonter l’histoire de ceux qui les pratiquaient. Retrouvez-les dans le dernier numéro de notre magazine TERRE.

La voie lycienne, en Turquie

En 1999, à l’extrémité la plus occidentale de la côte méditerranéenne turque, la Britannique Kate Clow a inauguré la « voie lycienne ». Ce sentier relie des villages et des hameaux de montagne sur un parcours de 500 kilomètres (étendu en 2014 à 540 kilomètres), allant du niveau de la mer à 1800 mètres d’altitude. Les montagnes y sont en effet très escarpées. Les pins s’y mêlent aux arbousiers et aux caroubiers avant de céder la place aux genévriers et aux cèdres à des altitudes plus élevées. Les vues sur la mer Méditerranée sont alors les plus vertigineuses. Le point de départ officiel est Ovacik, mais les marcheurs s’élancent souvent depuis Fethiye et ce vers l’est, en direction de Geyikbayiri, au-delà d’Antalya. Le chemin suit le littoral en courbe de la péninsule de Teke. Il se compose principalement de voies romaines, de sentiers muletiers, souvent durs et caillouteux. Et les Lyciens, dans tout cela ? Ces antiques gens formaient une fédération de cités-États républicaines, dont la richesse se basait sur le commerce maritime et parfois sur la piraterie. Absorbées par l’Empire achéménide, elles accueillirent plus tard Alexandre le Grand et firent leur la culture grecque. Ensuite, la Lycie devint une province de l’Empire romain. Les colons développèrent de nombreuses villes et ports, les reliant par des routes pavées et les équipant de théâtres, de bains, de forums, de temples et de portes cérémonielles. À partir du IVe siècle, le christianisme s’est implanté et, à mesure que l’empire s’effondrait, de nombreux monastères byzantins furent fondés dans les collines lyciennes. Au gré des kilomètres, les tombes rupestres, les ruines de villes et les sarcophages lyciens et romains s’égrènent ainsi à flanc de montagne. Autant de monuments auxquels repenser le soir en buvant un bon cay et en jouant au okey. 


© Patrick Frilet / hemis

Retour