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La grande marche de la FFRP

Terres d'Aventure
La grande marche de la FFRP

Rouge et blanc. Les deux traits du balisage des GR® se laissent apercevoir aux quatre coins de l’Hexagone. Retrouvez l’histoire de la FFRP dans le dernier numéro de notre magazine TERRE.

Emblématiques du travail de la Fédération française de randonnée pédestre (FFRP), ils comptent toujours plus d’adeptes. L’occasion de remonter aux racines de cette fédération sportive aux 230 000 licenciés, en marche avec son temps.

Avec quelque 27 millions de pratiquants, la randonnée pédestre occupe la première place des disciplines sportives les plus pratiquées en France. Selon une étude nationale menée en 2021 pour le compte de la Fédération française de randonnée pédestre (FFRP - Étude réalisée par Union Sport et Cycle), 56 % des Français de plus de 18 ans déclarent pratiquer la randonnée pédestre et la marche loisir, devant le vélo (34 %) et la natation (30 %). Depuis ses tout premiers pas dans l’Hexagone, au lendemain de la Première Guerre mondiale, cette activité n’a jamais cessé de se développer et le nombre de ses adeptes de croître. 69 % des Français contre 50 % en 2014 déclarent connaître les GR®, itinéraires de Grande Randonnée symbolisés sur le terrain par les marques de balisage blanc et rouge. Mais combien parmi eux connaissent l’« inventeur » de ces GR®? Il s’appelait Jean Loiseau (1896- 1982) et a donné ses lettres de noblesse à la randonnée.

Passionné de nature et de marche, Jean Loiseau participe dès l’âge de 14 ans aux caravanes scolaires du Club Alpin Français à Fontainebleau et découvre simultanément le scoutisme. Après la guerre de 1914-1918, il travaille comme archiviste à la Banque de France à temps partiel, mais consacre tout son temps libre à l’exploration pédestre. Il crée un groupe de marcheurs, baptisé Les Compagnons Voyageurs. À l’époque, les marcheurs sont peu nombreux, mais il existe néanmoins deux clubs en France : le Club Vosgien et le Club des Excursionnistes Marseillais, dont s’inspire Loiseau pour organiser des sorties de groupes, où l’on se repère en utilisant cartes et boussoles. « L’instauration des congés payés en 1936 fait découvrir au plus grand nombre la notion de vacances, de loisirs. Les Français prennent le goût de la mer, de la campagne, de la nature », souligne Claude Ghiati, historienne, et secrétaire générale de la FFRP.

© DR

Jean Loiseau organise dès lors des vacances à pied, des circuits à la découverte des espaces naturels. « Il avait eu l’occasion d’observer le balisage réalisé par Claude-François Dénecourt (1788-1875), en forêt de Fontainebleau. Cet ancien soldat des armées napoléoniennes, rapidement destitué à cause de ses idées républicaines, avait été subjugué par la beauté des paysages de la forêt de Fontainebleau, rappelle Claude Ghiati, et il consacrait tout son temps à en assurer la promotion. Il faut se souvenir qu’alors la forêt faisait peur, on l’ignorait et on s’en approchait seulement pour y trouver des moyens de subsistance. En pionnier, Dénecourt a tracé des sentiers et les a balisés avec de grandes flèches bleues, des marches et des murets, afin de guider les promeneurs. » Loiseau s’est aussi renseigné sur ce qui existait dans certains pays (Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Suisse et même États-Unis dans les Appalaches), où on avait commencé à apposer des traits de peinture sur des rochers ou des arbres.

En 1946, il met au point le balisage blanc et rouge des sentiers de grande randonnée. Il s’inspire du rouge utilisé par les forestiers pour délimiter les parcelles d’exploitation et y superpose le blanc pour « mieux le distinguer à la tombée de la nuit ». Il organise aussi le recrutement de bénévoles pour tracer, aménager et baliser des sentiers. Dès 1947, plusieurs tronçons des futurs GR® sont en chantier : en région parisienne, sur les bords de Loire, etc. Les « grandes routes du marcheur » imaginées par Loiseau se transforment en « sentiers de grande randonnée », les mots « randonnée » et « randonneurs » sont lancés.

© Jacques Van Zyl / Stocksy

« UN JOUR DE SENTIER, HUIT JOURS DE SANTÉ! »

« Le 22 août 1947, Loiseau crée le Comité National des Sentiers de Grande Randonnée (CNSGR) qui réunit le Touring Club de France, le Camping Club de France, le Club Alpin Français, le Club Vosgien, les Excursionnistes Marseillais et les mouvements de scoutisme et des auberges de jeunesse, indique Claude Ghiati. L’objectif est de mettre en place un réseau d’itinéraires balisés afin de faciliter la pratique de la randonnée pédestre sur l’ensemble du territoire français. » Le 31 août 1947, est inauguré symboliquement, à Orléans, le premier tronçon du GR® 3 d’Orléans à Beaugency sur 28 kilomètres. En 1951, le GR® Tour du Mont-Blanc (TMB) est achevé, avec un itinéraire qui n’a pas changé depuis. En 1952, 1000 kilomètres de sentiers GR® sont balisés. En 1957 parait le 1er topoguide du GR® 1, tiré à la ronéo, sans carte, mais avec croquis! Et le CNSGR adopte sa devise : « Un jour de sentier, huit jours de santé! »

Au fil des années, le réseau des GR® se développe, grâce au travail de milliers de bénévoles, et va couvrir toutes les régions de France. En 1977, 21000 kilomètres de GR® sont déjà aménagés, 85 topoguides publiés. « On assiste alors à tel un baby-boom de randonneurs, souligne Claude Ghiati, qu’il devient nécessaire de les représenter au niveau national et départemental. C’est ainsi que nait la Fédération Française de la Randonnée Pédestre (FFRP), le 22 avril 1978. » Plus ambitieuse et plus structurée, elle va développer un maillage impressionnant de sentiers balisés dits de « Grande Randonnée » pour des traversées au long cours et de « Petite Randonnée », les PR, plus courts et souvent en boucle, pour une découverte plus intime des régions et à destination d’un public moins sportif ou qui ne souhaite pas pratiquer l’itinérance.

© GR 738, deux randonneurs au col de Claran (1956m) , mer de nuages sur le Gresivaudan ©LANSARD Gilles / Hemis.fr

Sept ans plus tard, un nouveau pas est franchi : la FFRP devient une fédération sportive agréée, ce qui lui permet de s’organiser avec des comités départementaux et régionaux qui regroupent plus de 13000 bénévoles, baliseurs-aménageurs, militants associatifs, au professionnalisme grandissant. « Depuis, on a constaté une croissance très régulière du nombre de GR® aménagés, de topos créés et de pratiquants de la randonnée », observe Claude Ghiati. Et la FFRP a « grandi » en parallèle : aujourd’hui elle compte 56 salariés au siège parisien, 123 dans les comités régionaux et départementaux et regroupe 230000 licenciés. À son actif : 369 GR, soit plus de 180000 kilomètres de sentiers, 225 titres de topoguides et 32000 abonnés au magazine de la fédération Passion Rando. En 2022, la FFRP a lancé son application mobile, MaRando® pour inspirer et faciliter la pratique.

Au fil des ans, la fédération a aussi intégré de nouvelles pratiques de randonnée : la marche nordique avec bâtons, la rando santé, la raquette à neige, la marche d’endurance ou Audax, le fast hiking, le Bungy Pump, le longe-côte ou la marche aquatique côtière pour laquelle la fédération a obtenu la délégation du ministère des Sports. Dans les pas de l’Organisation mondiale de la Santé, qui préconise une activité physique pour se maintenir en bonne santé, la FFRP a adopté, pour son plan fédéral 2021-2028, une nouvelle devise « Marcher, tous, tout le temps, partout! »

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