Terre, une invitation au voyage

3 questions à Maurice Freund

Estelle Abecassis
3 questions à Maurice Freund

Aventurier du ciel, Maurice Freund est le fondateur de Point-Afrique Voyages, une Coopérative française de voyageurs. Il répond aujourd'hui à nos questions sur ses actions en faveur d'un tourisme durable.

En 2017, la Mauritanie à ré-ouvert ses portes aux voyageurs et la renaissance du tourisme saharien dans la destination était un événement attendu depuis 10 longues années.

- Terres d'Aventure : Vous avez ouvert il y a des années de nombreuses voies aériennes vers des régions africaines souvent enclavées. Aujourd'hui, que reste-t-il de ces tentatives ?

Maurice Freund : Nous avons ouvert une première liaison inédite en 1995 sur l'axe France-Gao, suivie bientôt par Agadez au Niger, Atar en Mauritanie, Mopti au Mali, Sebha et Ghat en Libye, Tamanrasset-Djanet et Timimoun en Algérie, jusqu'à atteindre 72 000 voyageurs en 2007. En décembre, l'assassinat de quatre Français sur la frontière mauritano-sénégalaise et les premières prises d'otages par les djihadistes ont conduit à l'arrêt total des vols sur toutes ces destinations à partir de 2010.

- T. A. : De quelle façon mettiez-vous en place des actions solidaires pour les populations locales ?

M. F. : Ces destinations se situent dans des régions extrêmement déshéritées. Y aller a permis de créer des centaines d'emplois et de limiter l'exode vers les bidonvilles des capitales. Ce tourisme-là rendait la dignité à des peuples isolés et négligés. La richesse du contact humain a aussi suscité de nombreux engagements humanitaires chez les voyageurs. Le tourisme solidaire et responsable a pris racine dans ces voyages. La plupart des tour-opérateurs ont depuis engagé, sur l'environnement, l'éducation et la santé, de vrais programmes d'intervention en harmonie avec la demande locale. Le tourisme y trouve ainsi ses lettres de noblesse.

- T. A. : Quels endroits rêveriez-vous aujourd'hui d'ouvrir à ce tourisme responsable ? 

M. F. : Désormais, la plupart de ces routes sont condamnées à cause de l'islamisme radical. C'est pour moi une véritable souffrance d'avoir été contraint de les abandonner. La Mauritanie a, depuis trois-quatre ans, mis en place un important programme de lutte contre l'insécurité et renoué avec la sérénité. Ces efforts ont conduit le ministère français au printemps 2017 à retirer la région de l'Adrar de la zone rouge. C'est un gage important. Je suis convaincu que ce retour en Adrar poussera les pays voisins aux mêmes efforts pour que demain, chez eux aussi, la reprise du tourisme puisse contribuer au retour à la paix.

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